- Lettre ouverte - Monsieur Dominique de Villepin - Ministre des Affaires Etrangères

- LETTRE OUVERTE - MONSIEUR DOMINIQUE DE VILLEPIN - MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES


Paris, le 20 mai 2003

Monsieur le Ministre,

Nous sommes un groupe de citoyens des États-Unis résidant en France. En janvier dernier nous vous avons écrit pour exprimer notre satisfaction par rapport à votre refus de cautionner une guerre que nous estimions absurde et inutile. Bien que la France n'ait pas pu empêcher cette guerre, elle a pu, avec d'autres membres du Conseil de Sécurité avec lesquels elle formait une majorité, sauvegarder la crédibilité de l'Organisation des Nations-Unies en refusant de cautionner la politique unilatérale du gouvernement des États-Unis. Nous vous prions d'accepter une fois de plus l'expression de notre reconnaissance.

Nous nous permettons de vous écrire aujourd'hui à propos de votre prochaine rencontre avec le Secrétaire d'État américain, M. Colin Powell. Nous avons confiance en votre détermination à défendre le principe de la coopération multilatérale, le droit international, ainsi que le rôle fondamental des Nations-Unies. Une paix internationale avec justice ne saurait exister qu'à condition d'être fondée sur le respect du droit.

Nous pensons que l'ONU ne doit pas abandonner sa responsabilité pour la surveillance du processus de normalisation après-guerre, ce qui signifie la restauration de la souveraineté irakienne et le rétablissement du contrôle irakien sur les ressources naturelles du pays. Par exemple, toute décision en matière de privatisation des industries appartient au peuple irakien, agissant à travers un gouvernement dûment élu. Aucune arme de destruction massive n'ayant été trouvée en Irak, nous ne voyons aucune raison de retarder la normalisation et le retrait des forces d'occupation.

Nous pensons que la destruction du musée national et de la bibliothèque nationale devraient faire l'objet, comme vous le suggérez, d'une enquête par une commission internationale.

A propos du conflit israélo-palestinien, nous pensons que l'Union européenne et les Nations-Unies devraient assumer toutes les responsabilités qu'implique leur co-parrainage de la « feuille de route ».

Nous voudrions enfin saisir cette occasion pour exprimer notre forte désapprobation du climat négatif créé aux États-Unis par la diffusion systématique de désinformation à propos de la France. Vous avez affirmé, Monsieur le Ministre, que l'ONU incarne la conscience universelle. Nous voudrions que vous sachiez que beaucoup de citoyens des États-Unis partagent cette conviction.

Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Ministre, les assurances de notre haute considération.