LIBERATION OU OCCUPATION ?

L'unique superpuissance, dont le budget militaire vaut presque l'ensemble de tous les autres, vient d'envahir et d'occuper un petit pays malade des années de guerre et de sanctions. Bravo.

Et la suite?

Durant des mois, des millions de protestataires sont descendus dans la rue. Nous n'avons pas pu empêcher la guerre, il est vrai. Mais nous avons empêché que l'ONU devienne un beni-oui-oui pour la politique américaine. Nous avons attiré les attentions des régimes et des médias. Des jeunes et des moins jeunes qui n'avaient jamais manifesté auparavant, ont compris qu'ils ne sont pas d'accord avec la manière dont le monde est géré, et qu'ils peuvent le dire. Notre poids a été compté. Nous devons poursuivre.

Notre première exigence est que l'Irak est aux Irakiens. L'ONU doit assumer l'administration civile de l'Irak en attendant l'organisation rapide des élections pour une assemblée constitutionnelle.

C'est une folie que d'imaginer qu'une puissance conquérante, ayant lui-même soutenu et armé le régime dont il a décidé à présent l'annihilation, ayant justifié une guerre de conquête avec des documents fabriqués et des mensonges, ayant démontré son engagement envers le bon gouvernement en abandonnant sa dernière conquête, l'Afghanistan, au chaos; ayant démontré son respect pour la vie humaine par l'utilisation d'armes inutilement dangereuses résultant en des centaines de victimes civiles, son engagement pour la liberté de la presse par des attaques sur l'émetteur de télévision Al-Jazeera et sur un hôtel rempli de journalistes, son engagement pour la liberté religieuse en soutenant des fondamentalistes chrétiens, son engagement pour le droit en bafouant la charte de l'ONU; une puissance qui a installé au pouvoir et qui continue à soutenir des régimes autoritaires au moyen orient et ailleurs; - c'est de la pure folie que d'imaginer que cette superpuissance soit à même d'apporter la démocrotie à l'Irak. L'ONU est toujours l'instance internationale le plus crédible que nous avons. A l'ONU seule doit être confié le gouvernance par intérim de l'Irak.

Toutefois, tant que dure l'occupation, la puissance occupante se doit de maintenir l'ordre dans le territoire occupé et notamment d'y assurer le maintien des hôpitaux et des services de santé. Telle obligation est inscrite dans le quatrième convention de Genève. Par leur incapacité d'empêcher les pillages de magasins, de bureaux et même d'hôpitaux, les USA et l'UK ont fait preuve soit de l'incompétence soit d'indifférence envers les normes internationales.

En deuxième lieu, nous devons exiger que le pétrole de l'Irak soit la propriété des Irakiens, et non pas des entreprises américaines.

Troisièmement, nous exigeons que toutes bénéfices de la reconstruction doivent aller aux Irakiens, et que les coûts soient soutenus par l'agresseur - et non l'inverse ! L'Iraq a ses architectes, ses entrepreneurs, sa main d'œuvre. Il faut relancer l'économie irakienne et créer des emplois pour ses habitants. Il est incroyable que l'Irak verse toujours des réparations pour son invasion du Kuwait en 1990. A quand les versements par les Etats-Unis à l'Irak pour compenser leur invasion illégitime ?

En quatrième lieu, l'occupation de l'Irak par les USA ne doit pas nous faire oublier l'autre occupation illégale, celle de la Palestine par l'Israël. Des tension dans la région persisteront tant que les Palestiniens n'ont pas un Etat viable. Qui peut prétendre que le régime aux Etats-Unis et ses décideurs ayant travaillé pour le Likud, soit capables de résoudre ce problème? Nous exigeons que l'ONU et l'UE assument leur responsabilités ici - avec urgence.

Enfin, regardant vers le future, nous devons travailler vers une ONU renouvelée, renforcée et démocratisée, vraiment capable de maintenir la paix dans le monde. Nous devons travailler à réduire l'oppression, l'injustice et les inégalités : le véritable axe du mal.